Manifeste du collectif (appel du 11 juin)

Dans le triangle de Gonesse (Île de France), à Saint-Jean de Braye, près d’Orléans, à Saint-Clément de Rivière près de Montpellier, à Fleury-sur-Orne, dans le périphérie de Caen, des citoyens dénoncent les atteintes sociales, économiques et environnementales que d’immenses centres commerciaux et récréatifs font subir au territoire partout en France. Ces projets désastreux sont favorisés par la loi LME, qui  relève de 300 à 1000 m2 le seuil au- delà duquel une autorisation administrative est nécessaire pour ouvrir ou agrandir de nouvelles surfaces de vente, et par la loi Pinel qui exclut les recours des associations environnementales.La position dominante de la grande distribution crée la surabondance d’une offre commerciale[1] de qualité généralement médiocre, qui pèse sur les revenus des producteurs et entraîne faillites, fermetures, développement de friches commerciales. Le commerce de proximité, le commerce indépendant non franchisé, la vitalité des centres villes sont  partout  menacés.

Situés en périphérie des villes ou sur le littoral, ces projets commerciaux entraînent une artificialisation galopante et irréversible d’espaces naturels ou à fort potentiel agronomique. Cet impact dévastateur participe à la perte de la biodiversité, de la qualité des paysages et diminue fortement le foncier mobilisable pour des projets agricoles et alimentaires diversifiés adaptés aux besoins des citoyens.

Ces commerces ciblent une clientèle motorisée sur de vastes zones de chalandise, ce qui nécessite l’aménagement de nouveaux accès routiers et d’immenses parkings. Ils contribuent à l’augmentation des émissions de C02, en contradiction avec les engagements pris lors la COP 21.

Investisseurs et élus justifient ces projets par la promesse de créations d’emplois, à grand renfort de chiffres fluctuants, selon des modes de calcul contestables. Or les emplois détruits par la disparition des concurrents et par les économies d’échelle propres à un modèle qui pratique le dumping social depuis la production jusqu’à la vente en passant par le transport, ne sont jamais comptabilisés.

Les investisseurs font valoir des retombées fiscales pour des collectivités soumises aux  restrictions budgétaires. Celles-ci sont incitées, pour augmenter leurs ressources, à favoriser la création ou l’extension de surfaces commerciales. Or ces collectivités participent aux aménagements, transports en commun et infrastructures routières nécessaires à ces implantations. Elles doivent aussi prendre à leur charge la réhabilitation de friches qui défigurent le paysage.

Nombre d’investisseurs, au plan national, organisent des circuits complexes drainant les profits ainsi réalisés vers des places permettant d’échapper à la fiscalité des pays dans lesquels ils vendent leurs marchandises. Les égoïsmes des collectivités territoriales viennent conforter la position des champions de l’évasion ou optimisation fiscale, souvent au mépris des promesses vertueuses des élus.

On sait pourtant que la  fréquentation des commerces de proximité permet de développer des modes de déplacements non polluants, et ménage la vie des centres villes. La préservation des terres nourricières  permet d’assurer une production de qualité ainsi que la viabilité économique de nouvelles installations agricoles. Le commerce de proximité et une agriculture respectueuse de l’environnement sont créateurs d’emplois durables,  favorisent le maintien du tissu social, la santé des citoyens et leur sécurité alimentaire. 

Des terres, pas d’hypers, regroupant les collectifs des territoires de Gonesse, Orléans, Montpellier, Caen, appelle tous ceux qui s’opposent à ces projets à une action  concertée et simultanée le 11 juin 2016. Soyons nombreux à nous faire entendre pour exiger l’abandon de ces grands projets commerciaux inutiles, coûteux, et destructeurs et faire évoluer la législation qui les favorisent!